Bonjour, Je m'appelle Manu Landaës-Moreau, ça ne vous dit rien évidemment, mais je monte cinq à six vélos de voyage sur l'année, et depuis 25 ans. Voyageur vélo impénitent depuis longtemps, j'aime aussi beaucoup concevoir des vélos pour les tours d'Europe, les grandes traversées, les tours du monde...Les cadres choisis sont en acier chromoly, en tubes Tange DB ou Fuji Butted exclusivement, pour leur qualité et la nervosité qu'ils donnent aux vélos une fois montés. Les composants sont sélectionnés dans ce qu'il existe de plus durables et fiables, sans négliger la légèreté. Si vous avez le projet de voyager au long cours et que vous hésitez sur les vélos de rando actuels (et à raison : la plupart sont patauds, lourds...et mal conçus...et mal montés...et mal réglés...), n'hésitez pas à vous mettre en rapport avec quelqu'un qui connait le voyage vélo, le matériel et le métier... Nous pouvons monter le vélo ensemble, à commencer par rayonner les roues...un montage durant au moins cinq jours... Ceci dit je vous laisse sur les photos...Bonjour chez vous et peut-être à bientôt...

Principales erreurs de conception et négligences de montage des vélos de randonnée actuels toutes marques confondues :

Rayons de la roue arrière pas assez solides. Les fabricants de vélos rando ne rayonnent pas de roues conçues spécifiquement pour le voyage, ils montent sur leurs vélos des roues toutes prêtes qui ne sont jamais à niveau, et qui de plus sont mal équilibrées, et mal réglées : une roue se règle au centième de millimètre et à une tension la plus équilibrée possible afin que celle-ci puisse tenir 10 000 kms sur routes et chemins sans devoir retoucher la tension ! Par exemple, il est fréquent de trouver sur des modèles à 2500/3000 euros la même roue arrière de la taille XS à la taille XXL...Or, entre un voyageur de 55 kilos et un voyageur de 100 kilos, ce ne sont pas du tout les mêmes contraintes mécaniques qui sont en jeu. Oui, mais pour les fabricants de vélo rando, c'est non.... Une roue arrière qui n'est pas à niveau est dangeureuse en voyage au long cours : il suffit d'être immobilisé dans un endroit isolé pour bien s'en souvenir. Ainsi, chaque année, je dois monter et expédier à l'étranger une roue arrière pour un cycliste dont le vélo neuf ou récent (par exemple un vélo autour de 3000 euros dit  « long cours » par le fabricant, mdr : la roue arrière pète de tous les côtés - rayons et jante - en moins de 5000 kms...Merci la marque Histoire, du grand art !) est immobilisé à cause d'une roue arrière défaillante, et pour tout dire : j'en ai un peu marre de jouer le dépanneur !...

Le problème suivant va de pair avec celui précédent : l'option qu'ont pris un bon nombre de fabricants pour des jantes sans oeillets, ou bien des jantes sans double oeillets roue arrière pour les cyclistes de plus de quatre vingt kilos. Ce qui implique : criques mécaniques (fêlures) des jantes au niveau des écrous de rayons, voile important de la jante et déséquilibre de la tension, et au final casse de la paroie, immobilisation du vélo. Ce risque est certain sans oeillets, lesquels répartissent les charges mécaniques importantes dues au poids du vélo en voyage et la puissance que le cycliste développe pour l'emmener...

Montage sans écrous-frein (ou frein-filets) de la visserie des porte-bagages ; montage en axe de 5, diamètre insuffisant. Les fabricants de vélo rando ne montent pas leurs porte-bagages avec écrous-frein ou frein-filets...Ils devraient pourtant savoir, pour peu qu'ils aient en leur sein des voyageurs, que de simples vis fixant les porte-bagage se dévissent très vite sur chemin (ou asphalte juste un peu déformée) et sont sujets à une casse certaine après s'être dévissés, même un peu...Pour s'assurer un bon vissage qui tiendra quoi qu'il arrive, il suffit juste de monter des vis un peu plus longues et des écrous frein...Que ça ! Ce qui éviterait beaucoup d'ennuis à beaucoup de voyageurs ! …Oui, mais pour les fabricants...bah c'est non... Leurs cadres même ne sont pas pensés pour cela : il est fréquent que l'on soit obligé d'être très inventif pour monter un simple écrou frein sur le porte bagage arrière côté cassette, l'écrou monté venant empêcher le passage de la chaîne sur le petit pignon...Ah si seulement l'oeillet avait été placé 1 cm plus haut sur le cadre ! Que c'est ballot !...La technique consistera alors à réétager l'axe du moyeu arrière et à recentrer la jante en retouchant la tension rayons (à revoir l'alignement de chaine et la position du dérailleur avant, tant qu'on y est  !)...Que de travail pour poser un écrou frein ! Il fait chaud par ici !...

De même, les porte-bagage sont montés en axe de 5, diamètre insuffisant pour bien supporter longtemps le poids et les contraintes, qui s'exercent de haut en bas comme de bas en haut, sur des axes qui sont perpendiculaires à ces forces. En mécanique cela s'appelle l'effet de cisaillement. A moins de très bien choisir sa visserie, l'idéal est de la bonne vis de 6, et là c'est du solide...Oui, ce serait si simple, mais pour les fabricants, bah c'est non..

Un problème désormais patent chez les fabricants de vélo rando est un choix très peu pertinent des composants, en particulier le choix de la transmission et celui des moyeux... Pour ces derniers le souci se situe surtout sur le choix du moyeu arrière qui se porte souvent sur des séries inadaptées au vélo rando (en voyage, un moyeu, un moyeu arrière surtout, doit être fiable, durable, d'entretien facile, tout en restant bien roulant : pas de roulements annulaires sur roue arrière, jamais !) ou pire sur des mauvaises séries, comme le tristement célèbre (connu des techniciens cycle) Shimano XT fh-m8000, série de conception complétement loupée qui roule franchement mal, quasi-inréglable et dont les cônes de roulement s'usent très rapidement (belles empruntes profondes de chacune des billes sur chaque cône au bout de 3000 kms : du jamais vu ! C'est de l'art contemporain !...) Si un bon nombre de techniciens cycle connaissent ce moyeu (malheureusement produit en grande série) depuis un bon moment, les fabricants de vélo rando eux, non, puisque ce moyeu est encore référencé aux catalogues les plus récents (2024), comme chez Fahrrad Manufaktur, en particulier le TX 800 disc (bon vélo, mais moyeu arrière fouareux...dommage, les rayons et la jante sont bons...)

Entre autres beaux ratages, les choix de transmission : surtout les longueurs de manivelles, le nombre de plateaux et le nombre de dents plateaux et pignons. Un vélo de rando capable d'emmener un cycliste à l'aise dans TOUTES les situations (tout en restant longtemps fiable) c'est TROIS PLATEAUX en 8, 9, 10 vitesses, en 24 dents maximum petit plateau et 34 dents minimum grand pignon (en 26 pouces) et 24x36 dents en 28 pouces...A fuir absolument le mono plateau 12 pignons, une absurdité mécanique même pour la pratique du VTT (on mouline très vite sur le plat, on force très vite en montée, tout en usant très vite l'ensemble de la transmission : croisement de chaine sur la moitié de la cassette, sur une chaine, un plateau et des pignons beaucoup trop fins pour la randonnée...) Le double plateaux est à réserver aux vélos en bike-packing, chargement très léger, mais dans ce cas autant acheter un gravel (nouveau nom marketing du Cyclocross), pas une randonneuse...Une randonneuse légère c'est trois plateaux...Pas convaincu ? A quoi sert donc un bon cadre acier avec fourche présentant des points de fixation pour porte-bagages avant (donc 4 sacoches) si c'est pour lui monter une transmission en double plateaux ? C'est le parti-pris de nombreuses marques... Alors : prenez un tel vélo (en 30x36 dents ou 30x42, groupe GRX par exemple) mettez y vos affaires pour randonner dans les quatre sacoches et essayez de vous taper un col de montagne à 2000 mètres ou plus par exemple, juste pour voir...

En vélo de randonnée (comme en vélo de route), il faut adapter la longueur de manivelle à la longueur des jambes des cyclistes (170 mm pour une taille de cycliste de moins d'1m70, moins de 79 cm entrejambe ; 172,5 mm pour les tailles comprises entre 1m70 et 1m80, entre 80 et 83 cm entrejambe ; 175 mm pour les tailles de plus d'1m80, 84 cm entrejambe minimum...) Ce n'est pas le choix des fabricants qui, par économie (à espérer que ce n'est pas par ignorance), montent quasi-systématiquement des pédaliers en 170 mm pour toutes les tailles, du XS au XXL...Un pédalier pour enfant sur un vélo taille adulte ? C'est l'effet que produit un pédalier en 170 mm à un cycliste d'1m85 et plus...

Les vélos sont montés sans mettre de points de graisse sur des parties importantes (avant montage de certaines pièces), en particulier le pédalier, le boitier de pédalier, les pédales, les entretoises potence, les embouts de gaine intérieur et extérieur, etc... Ceci entraîne rapidement, sur un vélo qui en voyage est le plus souvent à l'extérieur jour et nuit (donc très exposé à l'humidité), des bruits et craquettements pénibles. A noter aussi un manque de graisse dans les roulements, en particulier le jeu de direction et le moyeu arrière, ce qui entraîne leur usure rapide... La règle étant qu'il faut toujours les démonter, les regraisser et les rerégler sérieusement, à moins de chercher les ennuis...

Les fourches de la plupart des marques de vélo rando sont trop courtes, ne sont pas étudiées pour la charge des bagages : le résultat est notamment l'effet de guidonnage, en particulier en descente, ou bien lorsque le cycliste, sur le plat, appuie fort sur les pédales pour accélérer...Le guidon oscille alors de droite à gauche rapidemment, et ce mouvement n'est pas contrôlable à moins de donner un bon coup de frein pour l'atténuer...ce qui est stupide, il faut le reconnaître, après une accélération (mais peut-être faut-il demander l'avis d'un ingénieur cycle compétent, on ne sait jamais...) Une bonne exception pour la conception cadre et fourche est la marque anglaise Thorn ...Très bons cadres, fourches très bien étudiées en tous points, prix abordable...Une fois monté le vélo est très dynamique, ce qui est rare pour une conception récente. Mais attention aux vélos complets montés par Thorn, qui présentent certains défauts signalés plus haut : roues, visserie, longueur de manivelle, graissage...

Pour les vélos aux fourches trop courtes, un très bon moyen de résoudre l'effet de guidonage est de monter un pneu d'une section plus large sur la roue avant que sur la roue arrière. Vous obtenez ainsi une roue avant d'un plus grand diamètre que la roue arrière, plus large voulant dire aussi plus haut : par exemple en montant un pneu en 1.5 pouces arrière et 2 pouces avant, vous êtes sûr de corriger le problème...

La plupart des vélos randos actuels ont un comportement pataud...Ceci est dû principalement à la qualité de l'acier utilisé, aux composants choisis et au choix du fabricant (il existe des marques pour choisir ce type de comportement, dont la marque allemande Patria est un exemple). La qualité des tubes acier est moindre par rapport aux tubes acier produits dans les années 90 et 2000... Les raisons essentielles en sont l'incorporation dans les aciers d'une part d'acier de recyclage et aux prix plus haut des aciers actuels...De fait, les fabricants de tubes produisent des tubes de moindre qualité et certains fabricants de vélo rando choisissent d'augmenter l'épaisseur des tubes utilisés pour obtenir les mêmes qualités mécaniques que les bons tubes produits il y a 20 ou 30 ans, plus légers (c'est par exemple le choix de la marque américaine Surly : cadres et fourches sont très lourds, mais les vélos obtenus après montage ne sont pas patauds, ils restent dynamiques malgré le poids ; surplus qui néanmoins se paye un peu en voyage, pour les ascensions par exemple. Une exception notable sont les fabricants de vélo rando qui utilisent les tubes de la marque Reynolds, le 725 chromoly notamment...mais ensuite tout dépend de ce qu'on en fait, tout dépend de la conception cadre et fourche, et en la matière la marque anglaise Genesis ne fait pas ce qu'il y a de mieux : choix de géométries étranges pour des randonneuses, en particulier celle d'un cadre court (!), une douille de direction dont l'angle est trop fermé ( !!) et, en plus, une fourche trop courte ( !!!), avec peu de chasse (!!!!!) et franchement molle : effet de guidonage garanti ! Une conception cadre et fourche qui est un mix entre vélo de route ancien et vélo de ville (en passant de plus sur le choix d'une transmission compact vélo de route), et en accumulant à peu près tout ce qu'il ne faut pas à une randonneuse, ne fait pas un bon vélo de rando, même avec du bon tube.

Dans cet aperçu j'aurai aussi pu parler du manque de positions sur les guidons pour le confort, de l'absence de prolongateur contre l'exposition à l'air, de la nécessité d'une guidoline bien montée (confort et absorption de l'humidité) contre les dites « poignets ergonomiques », mais on ne va pas non plus trop accabler les fabricants...Non...C'est qu'il faut être gentil avec les gens...sinon ils risquent d'être plus méchants...